Réalisée par le professeur Xavier Bobbia, urgentiste au CHU de Montpellier et chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, cette étude d’envergure a été menée durant les mois de juillet et d’août 2023 auprès de 1563 médecins et infirmier·e
Les professionnel
Les résultats sont sans appel : à symptômes identiques en moyenne, les hommes sont pris plus au sérieux que les femmes et les patient·e·s blanc·he·s sont pris·es plus au sérieux plus que les non-blanc·he·s. Par ailleurs, l’écart le plus important dans la différence de traitement a été observé entre des hommes blancs et des femmes noires. Autrement dit, une situation identique est davantage considérée comme une urgence vitale quand l’image associée au patient·e est celle d’un homme blanc plutôt qu’une femme noire.
Le spectre du syndrome méditerranéen
Les résultats de cette étude sont cohérents avec les conclusions d’études antérieures selon lesquelles les patient·e·s non-blanc·he·s ont des temps d’attente plus longs dans les services d’urgence, rappellant les cas tragiques des décès en France de Naomi Musenga, 22 ans, en décembre 2017 et plus récemment en juin 2023, d’Aïcha, une adolescente de 13 ans.
Ces deux affaires avaient mis en lumière ce qu’on appelle le syndrome méditerranéen à savoir un biais raciste qui amène les professionnel·le·s de santé à supposer qu’une personne d’origine nord-africaine, hispanique ou noire exagère ses souffrances ou simule ses symptômes. Une croyance sans aucun fondement scientifique qui remonte à la colonisation et aux premières vagues d’immigration en Europe.
Et maintenant ?
Comme le relève le professeur Bobbia et ses collègues dans cette étude, « si l’on veut améliorer l’équité des soins en médecine d’urgence entre les patient·e·s d’apparences différentes, il est primordial de réaliser des études scientifiques analysant les différences de soins (entre celleux-ci), malgré les obstacles potentiels liés aux lois sur la collecte de données à caractère ethnique.»