Les femmes migrantes victimes de violences par un partenaire intime : retour sur le colloque organisé par le Collectif des Femmes et le MEFH

Le 20 mars dernier, le Collectif des Femmes et le Mouvement pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (MEFH) ont organisé un colloque intitulé « Femmes migrantes victimes de violences par un partenaire intime – Amélioration de l’accompagnement ». Plusieurs intervenantes se sont succédé pour aborder les obstacles des femmes migrantes victimes de violences.

Les chiffres de violence faites aux femmes sont alarmants en Belgique : en 2024, la Belgique a déploré 21 féminicides dont 60% des victimes n’avaient pas porté plainte à la police. Ce constat est un indicateur inquiétant de l’ampleur du phénomène et de l’inaccessibilité du système de justice pour de nombreuses victimes. Face à cela, le Collectif de Femmes et le MEFH ont organisé une réflexion sur ce sujet et plusieurs panels ont permis de comprendre les difficultés d’autant plus grandes pour les femmes migrantes de dénoncer des cas de violences.

 

Les obstacles spécifiques rencontrés par les femmes migrantes

Une des premières problématiques abordées lors du colloque fut celle des obstacles institutionnels auxquels les femmes migrantes sont confrontées pour dénoncer les violences. Le regroupement familial, par exemple, est une procédure complexe et souvent inaccessible. En Belgique, pour pouvoir faire venir un membre de la famille sous le régime du regroupement familial, les migrant·e·s doivent répondre à des critères stricts : résider en famille, disposer d’un logement suffisant, avoir une couverture mutuelle, ainsi qu’un revenu stable et suffisant. La condition de vie commune au regroupement familial constitue alors un obstacle pour le départ des femmes du foyer lorsqu’elles sont victimes de violences.

En effet, la législation belge impose une condition de vie commune de cinq ans avant d’obtenir le droit au titre de séjour. Cela crée une situation de dépendance pour les femmes migrantes lorsqu’elles sont exposées aux violences conjugales. Bien qu’une exception soit prévue par la loi du 15 décembre 1980 en cas de violences, l’accès à cette exception demeure complexe, et de nombreuses femmes migrantes se retrouvent coincées dans des situations abusives.

Les intervenantes ont ensuite évoqué la révision de la circulaire de 2023 qui a introduit des mesures incitant les femmes victimes à dénoncer leur agresseur. Mais la réalité demeure difficile : le nombre de refuges disponibles pour les femmes migrantes reste insuffisant, malgré l’obligation imposée par la Directive européenne 2024/1385 d’offrir un hébergement suffisant pour les victimes de violences.

 

Comment mieux accompagner ?

La deuxième partie de ce colloque portait sur l’accompagnement social des femmes migrantes victimes de violences et comment l’améliorer. Des assistantes sociales et des psychologues ont partagé leurs approches, comme le projet AVEVI (Aide aux Victimes Étrangères de Violences Intrafamiliales) qui accompagne les victimes de violences conjugales en offrant un soutien administratif et social pour les protéger face à ces violences et leurs conséquences sur leur séjour.

Ce colloque intervenait dans le cadre du projet européen IPV-Migrants, d’une durée de deux ans, qui explore l’influence des normes sociales sur la violence au sein du couple dans les familles issues de la migration. Plusieurs outils ont été développés dans le cadre de ce projet, comme un cours en ligne, qui vise à renforcer les capacités des professionnel·le·s de première ligne pour intervenir de manière proactive et éclairée contre les violences faites aux femmes migrantes. Le MOOC aborde différents types de violences : physiques, psychologiques, sexuelles, économiques et institutionnelles. Ce kit de sensibilisation de cinq modules est un outil pertinent afin de mieux accompagner les victimes.

Ainsi, ce colloque a permis de souligner les nombreuses difficultés rencontrées par les femmes migrantes victimes de violences, tant au niveau des institutions que de l’accompagnement social. Les solutions proposées et les différents outils de formation, montrent que des progrès sont possibles, mais qu’un effort collectif est nécessaire pour garantir une meilleure prise en charge des femmes migrantes victimes de violences conjugales.

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