Un an après les élections européennes : l’extrême droite renforcée et des droits menacés

365 jours après les élections européennes de 2024, l’heure est au bilan. Et le constat est préoccupant : en Pologne, au Portugal ou encore en Roumanie, l’extrême droite gagne du terrain. Partout en Europe, les droits fondamentaux – des femmes, des personnes LGBTQIA+ ou des minorités – vacillent sous la pression d’un vent nationaliste de plus en plus fort.

En Pologne : victoire du nationaliste Karol Nawrocki

C’est une élection qui a sonné comme un coup de tonnerre à Varsovie, mais aussi à Bruxelles. Karol Nawrocki, historien conservateur soutenu par le parti Droit et Justice (PiS), a été élu président de la République polonaise dimanche 1er juin 2025 lors du second tour de la présidentielle. Admirateur déclaré de Donald Trump, il a construit sa campagne sur les valeurs nationalistes et traditionnalistes. Sa victoire constitue une menace directe pour les avancées en matière de droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.

Depuis 2020, la législation polonaise sur l’avortement est l’une des plus restrictives d’Europe : seuls les cas de viol, d’inceste ou de danger vital pour la mère permettent une interruption de grossesse. Le pouvoir de veto du Président polonais pourrait bloquer toute tentative de réforme progressiste, y compris celles du gouvernement pro-européen actuellement en place.

Pour Manon Aubry, eurodéputée française, cette élection est un signal d’alarme : « Je pense aujourd’hui à toutes les femmes qui se battent pour le droit à l’avortement en Pologne et qui vont encore être plus criminalisées. Nous serons là pour vous soutenir. »

En Roumanie : la démocratie sous tension

En Roumanie, la victoire du centriste pro-européen Nicușor Dan à l’élection présidentielle du 18 mai 2025 a évité de justesse une bascule autoritaire. Face à lui, George Simion, figure montante de l’extrême droite, a inquiété par sa percée. Le premier tour de l’élection avait été annulé en mars 2025 en raison de soupçons d’ingérence russe notamment avec le candidat Călin Georgescu, qui avait été invalidé par la commission électorale pour avoir enfreint les règles démocratiques. Il était donné largement favori dans les sondages avec 40 % d’intentions de vote.

Portugal : l’extrême droite devient la principale force d’opposition

Enfin, au Portugal, les élections législatives anticipées du 18 mai 2025 ont vu le centre droit revenir au pouvoir. Mais l’information majeure est ailleurs : le parti d’extrême droite Chega d’André Ventura devient la deuxième force politique du pays avec 22,76 % des voix. Un résultat marquant au Portugal qui illustre une montée inquiétante de l’extrême droite.

Les valeurs de l’Union européenne menacées

Ce panorama électoral dresse un constat sans appel : l’extrême droite progresse, se renforce, s’institutionnalise. Un an après les élections européennes, les valeurs de l’Union – égalité, solidarité, démocratie – sont plus que jamais sous pression.

Les tensions entre plusieurs capitales et Bruxelles se multiplient, notamment autour des questions liées à l’État de droit. En Pologne, en Hongrie, et désormais dans d’autres États membres, les pressions politiques et juridiques sur la société civile, les médias libres et les juridictions indépendantes deviennent monnaie courante.

Alors que l’Europe se prépare à de nouveaux défis – transition écologique, instabilité géopolitique, défense des droits humains – la montée de l’extrême droite pourrait en détourner profondément la trajectoire.

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