Alors que les espaces « no kids » se multiplient, une réflexion s’impose : comment concevoir des espaces urbains réellement favorables à l’enfance ? L’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME) a publié en avril 2025 une étude qui propose de repenser la ville à travers le regard des enfants, pour conjuguer justice sociale, droits de l’enfant et transition écologique.
Loin de se limiter à l’aménagement d’aires de jeux standardisées, penser la ville à hauteur d’enfants signifie transformer l’ensemble des espaces urbains – rues, places, parcs, cheminements – en terrains d’aventure, d’apprentissage, de rencontre et de liberté. Cette approche, défendue par l’UNICEF, reconnaît l’enfant comme un·e citoyen·ne à part entière, légitime dans l’espace public.
L’étude s’appuie sur l’analyse détaillée de 13 projets urbains exemplaires, choisis pour leur diversité en matière de populations concernées, de territoires, d’ambitions et de moyens mobilisés. Parmi eux :
– Un tramway nommé Désir à Montreuil : En transformant une friche en espace vert temporaire au cœur des quartiers des Ruffins et du Morillon, les habitant·e·s ont bénéficié d’un lieu d’expression et de liberté. La tyrolienne, clin d’œil aux terrains d’aventure autogérés, symbolise cette appropriation ludique et autonome.
– Le Canapé forestier à Poitiers : Ce mobilier circulaire en bois offre un espace neutre et multifonctionnel. Lecture, détente, jeux, apprentissages, chacun·e peut s’y installer, le modeler selon ses besoins, favorisant ainsi l’inclusivité, la diversité et le sentiment d’appartenance.
– Monclar à hauteur d’enfants à Avignon : Ici, l’ensemble du quartier est repensé : réaménagement du parvis scolaire, piétonisation d’une avenue, transformation d’un square en aire de jeux thématique et création d’un terrain de sport.
Six leviers essentiels se dégagent de l’étude pour bâtir des territoires à hauteur d’enfants que sont :
- la lucidité et la coéducation
- la diversité et l’autonomie
- la proximité et la connexion
- la résilience et l’écologie
- le confort et le soin
- et la participation et l’appropriation.
En mettant les enfants au centre de la réflexion, cette étude rappelle une vérité trop souvent négligée : une ville pensée pour les plus jeunes est, par essence, plus agréable, plus fonctionnelle et plus inclusive pour toutes et tous. Ces expérimentations démontrent qu’une autre approche de l’espace public est possible, à condition de sortir des logiques standardisées et d’écouter celles et ceux qui vivent et transforment la ville au quotidien.