En Belgique, la nouvelle coalition Arizona a présenté une série de réformes sociales dès son arrivée au pouvoir en janvier. Ces mesures, qui s’inscrivent dans la politique d’austérité belge, sont dénoncées comme inégalitaires : le manque de considération des effets différenciés selon le genre aura pour conséquence l’accroissement de la précarité des femmes.
Des mesures inégalitaires aux effets genrés
La stratégie gouvernementale de l’Arizona a pour objectif une augmentation forte du taux d’emploi par la mise en place de contraintes budgétaires : une politique dite « d’activation ». Le think tank InES a souligné les lacunes de celle-ci, en analysant notamment la réforme du chômage et des pensions sous un prisme genré.
Les parcours professionnels des femmes sont souvent marqués par des discontinuités et des temps partiels liés aux responsabilités familiales qui leur sont encore aujourd’hui bien majoritairement imposées. Les nouvelles mesures belges, qui redéfinissent le temps de carrière et introduisent des dispositifs tels que les « 31 ans » ou l’Allocation de Garantie de Revenus, se veulent protectrices, mais restent totalement déconnectées des réalités de genre.
Un défaut de conception dans ces politiques
Le gender budgeting est une méthode d’analyse des effets différenciés liés au genre qui doit s’inscrire dans toutes les étapes du cycle budgétaire afin de réduire les inégalités. La Belgique a adopté en 2007 la « loi gender mainstreaming », complétée par une circulaire en 2010 afin de mettre en œuvre une stratégie de gender budgeting.
Pourtant, les nouvelles réformes de l’Arizona ne semblent pas avoir priorisé cette logique, privilégiant celle de l’austérité au détriment de la prise en compte d’une égalité effective. La hausse de l’emploi, notamment attendue chez les femmes avec un objectif de 80 % de taux d’emploi, ne pourra être atteinte avec un tel manque de considération.
Dans un contexte actuel où la précarisation des femmes ne fait qu’augmenter, il est primordial de prendre en compte leurs parcours fragmentés, liés aux congés familiaux et au travail domestique. Selon ESDE (2024), 63% des femmes sont impliquées dans les tâches ménagères quotidiennes et 34% dans les soins non rémunérés, contre seulement 33% et 25% respectivement pour les hommes. La mise en place de leviers structurels est donc nécessaire afin de réduire les écarts de genre.