Deux semaines décisives pour la reconnaissance des droits du peuple palestinien : entre avancées symboliques et inaction coupable

Les deux dernières semaines ont été marquées par une série d’annonces majeures autour de la situation en Palestine. Le 16 septembre, la Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU sur le territoire palestinien occupé a publié un rapport historique reconnaissant que l’État d’Israël commet un génocide à Gaza. Le lendemain, la Commission européenne a proposé des sanctions économiques inédites contre Israël. Enfin, les 21 et 22 septembre, plusieurs pays ont franchi un cap symbolique fort en reconnaissant officiellement l’État de Palestine.

 

Reconnaissance du génocide : un tournant juridique et moral, freiné par l’inaction internationale

Le 16 septembre 2025, la Commission d’enquête de l’ONU a publié ses conclusions : Israël est responsable du génocide commis à Gaza. Selon Navi Pillay, présidente de la Commission, « il est clair qu’il existe une intention de détruire les Palestiniens de Gaza par des actes qui répondent aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide » de 1948.

Cette reconnaissance constitue un jalon fondamental. Juridiquement, elle oblige les États parties à la Convention de 1948 à prévenir et faire cesser le génocide, sous peine de violer leurs propres engagements internationaux. Moralement, elle place chaque gouvernement face à ses responsabilités.

La Commission d’enquête appelle ainsi les États à cesser toute vente d’armes et de matériel de sécurité à Israël, à faire pression diplomatiquement, économiquement et politiquement pour imposer un cessez-le-feu immédiat, et à garantir un accès humanitaire sans entrave à Gaza. Elle exhorte aussi à la réévaluation des liens commerciaux avec Israël, afin de s’assurer de ne pas contribuer, même indirectement, à des crimes internationaux.

 

Mais cette reconnaissance tardive suffira-t-elle à changer les choses ? Rien n’est moins sûr. Dès janvier 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait déjà reconnu un risque sérieux de génocide. Pourtant, aucune inflexion majeure des politiques occidentales n’a été observée depuis. Cette paralysie démontre que la question n’est plus juridique, mais politique. Certains États n’ont tout simplement pas la volonté de s’opposer concrètement à Israël, et surtout pas au soutien inconditionnel que lui apportent les États-Unis. Tant que ce rapport de force reste inchangé, les appels au droit resteront lettre morte, et les institutions internationales perdront en crédibilité.

 

L’Europe propose des sanctions encore timides

Dans la foulée du rapport onusien, la Commission européenne a proposé la suspension des concessions commerciales avec Israël, ainsi que des sanctions ciblées. Cette proposition viserait à réduire le soutien commercial apporté à Israël et à exercer une forme de pression dissuasive.

Mais là encore, la prudence s’impose. D’une part, rien n’est encore adopté : le Conseil de l’Union européenne doit encore valider ces mesures à la majorité qualifiée. D’autre part, on sait qu’Israël s’est toujours montré indifférent aux condamnations internationales.

 

La reconnaissance de l’État de Palestine : un symbole puissant, mais insuffisant

Enfin, plusieurs États ont (enfin) décidé de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Cette reconnaissance est hautement symbolique : elle affirme l’existence d’un peuple palestinien libre et indépendant, et délégitime encore plus le génocide en cours. Elle pourrait également entraîner un effet domino, incitant d’autres États à franchir le pas, avec, à terme, l’espoir que cette dynamique force Israël à reculer. Mais tant que les États-Unis ne reconnaissent pas la Palestine, cette perspective reste très limitée dans ses effets pratiques.

Surtout, cette reconnaissance est soumise à des conditions profondément injustes et irréalistes. Il est ainsi demandé au futur État palestinien d’être totalement démilitarisé, alors même que son voisin colonisateur dispose de l’un des arsenaux militaires les plus puissants du monde. Ce déséquilibre structurel empêche toute perspective réelle de souveraineté.

De plus, au vu de l’ampleur du génocide, du morcellement extrême du territoire palestinien par les colonies israéliennes, et de la situation humanitaire catastrophique, comment imaginer un État viable, doté des moyens d’assurer la sécurité et la dignité de sa population ? La reconnaissance, aussi forte soit-elle symboliquement, ne protège pas.

 

Il est temps d’agir : reconnaissance ne veut pas dire protection

L’enchaînement des annonces de septembre 2025 montre une évolution notable dans les discours officiels. Mais tant qu’ils ne se traduisent pas par des actes concrets de protection, ils resteront des postures.

Reconnaitre un génocide sans agir pour l’arrêter, c’est trahir le droit. Reconnaître un État sans garantir sa survie, c’est trahir la justice.

Il est temps que les États mettent fin à leur complicité active ou passive dans les crimes d’Israël. Cela signifie cesser les transferts d’armes, imposer des sanctions économiques, réévaluer les accords bilatéraux, mais aussi cesser de désigner le Hamas comme principal obstacle à la paix, alors que c’est l’État israélien qui détient l’écrasante majorité du pouvoir militaire, économique et politique dans la région.

Les droits du peuple palestinien ne peuvent plus attendre.

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