A l’appel des syndicats, ce sont près de 140 000 personnes qui ont défilé dans les rues de Bruxelles ce mardi 14 octobre 2025 pour dénoncer les réformes d’austérité prévues par la coalition Arizona.
La semaine précédant la grève, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a également annoncé une série de mesures drastiques dans le cadre de l’élaboration de son budget 2026. Ces mesures prévoient des coupes budgétaires s’élevant à 700 millions d’euros affectant les secteurs de l’enseignement, de la culture, de la petite enfance et du monde associatif.
Enseignement supérieur : hausse du minerval et projet DIES
Concernant l’enseignement supérieur, la réforme du minerval est une des mesures les plus marquantes. Après 14 ans de gel, le montant plein va passer de 835€ à 1194€, soit une augmentation de près de 43%. Cette décision concerne la moitié des étudiant·e·s. Un système de palier progressif à quatre paliers sera instauré.
Pour de nombreuses organisations, il s’agit d’une “attaque frontale contre la classe moyenne”.
En parallèle, le gouvernement prévoit de mettre en œuvre le modèle “DIES” dès 2027. L’idée est de faire contribuer davantage les étudiant·e·s non-résident·e·s. Légalement, l’Union européenne interdit une telle distinction entre étudiant·e·s européen·ne·s. Cependant, la réflexion quant à cette mesure est minutieusement étudiée par des juristes afin de contourner cette restriction. Ainsi, le dispositif DIES pourrait accorder une aide financière directement à l’étudiant·e résidant dans le pays, sans tenir compte de sa nationalité, un peu comme le fait l’assurance maladie.
Ces annonces ont provoqué de vives réactions de la part des organisations politiques, des syndicales et associatives. Ces dernières y voient une remise en cause des principes fondamentaux de solidarité et d’accès équitable à l’enseignement supérieur. Les partis d’opposition dénoncent des mesures jugées antisociales et élitistes. Un tel modèle vient détruire le tissu social actuel et renforce les inégalités.
Avoir accès à l’enseignement supérieur doit rester un droit garanti pour toutes et tous. Ces mesures sont une punition pour l’ensemble des étudiant·e·s qui se voient impacter par les choix d’une classe politique qui préfère investir dans le secteur militaire que dans sa jeunesse.
La Fédération des Etudiant·e·s Francophones s’est également mobilisée contre le projet, qu’elle juge préjudiciable pour la classe moyenne et rapporte qu’il s’agit d’un facteur d’exclusion pour les jeunes en situation de précarité. Une pétition a été lancée, recueillant déjà plusieurs dizaines de milliers de signatures.
D’autres secteurs touchés
Plusieurs autres secteurs sont également touchés. En 2026, l’enseignement obligatoire verra son budget réduit de 86 millions d’euros, une mesure dénoncée pour ses conséquences directes sur la gratuité scolaire et l’état déjà préoccupant des infrastructures. La culture, la jeunesse et le monde associatif ne sont pas épargnés. 13 millions d’euros de coupes sont prévues traduisant de fait un gel des subventions. Le secteur de la petite enfance craint quant à lui le renoncement à la réforme MILAC, relatif à la qualité de l’accueil et les conditions de travail du personnel.
Ces séries de mesures de coupes budgétaires relèvent d’un choix politique assumé: celui de faire porter l’essentiel de l’ajustement financier sur des secteurs sociaux pourtant structurant la société. Il s’agit d’une orientation idéologique qui fragilise délibérément les fondements de la solidarité, de la justice sociale et de l’égalité des chances. En imposant une telle logique comptable, déconnectée des besoins sociaux, le gouvernement compromet durablement la cohésion collective et affaiblit le socle des droits sociaux.