La montée des espaces « no kids » en Europe : quels enjeux ?

Alors que l’Europe voit émerger des espaces « No Kids » alimentés par un désir d’entre-soi et un rejet du bruit enfantin, cette tendance soulève des enjeux politiques, juridiques et éthiques majeurs. Loin d’être anodine, elle traduit une société de plus en plus individualiste, voire discriminatoire à l’égard des plus jeunes.

Une Europe de plus en plus « No kids »

Concept né en Corée du Sud, puis présent en Espagne et en France, la tendance « No Kids » s’installe de plus en plus avec des lieux de vie désormais interdits aux enfants. En Europe, la chaîne hôtelière AdultsOnly connaît un succès retentissant, tandis que selon une enquête Odoxa pour Lou Media, 54 % des Français·e·s se disent favorables à la création de lieux sans enfants. Et ce, malgré l’absence de cadre légal autorisant ce type d’exclusion.
Derrière cette ségrégation d’apparence anodine se cache un phénomène plus large : la montée de l’individualisme, la recherche d’un confort absolu, et une intolérance croissante aux manifestations spontanées – cris, pleurs, jeux bruyants – propres à l’enfance. Comme le souligne le sociologue Jean-Didier Urbain, nous assistons à « un repli sur soi », où même l’espace des vacances devient un terrain d’entre-soi et d’homogénéité sociale.
La pédopsychiatre Laelia Benoit dénonce elle l’émergence d’un nouveau biais : l’infantisme, ou la marginalisation systémique des enfants dans l’espace public.

Une réaction politique et éthique : enfants, citoyen·ne·s à part entière

Face à cette exclusion, Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’enfance en France, a qualifié cette tendance de « brutale » et a annoncé le lancement du label « Le choix des familles » pour redonner aux enfants leur place dans la société. Déjà en 2024, une proposition de loi visait à faire de l’âge un critère reconnu de discrimination.
L’interdiction des enfants dans certains espaces publics sont en effet contraires aux lois internationales. À titre d’exemple, la Convention relative des droits de l’enfant de 1989 des Nations Unies stipule leur droit à la non-discrimination (art. 2) et à la participation culturelle et sociale (art. 31).
Interdire les enfants constitue ainsi une discrimination et ce « n’est même pas légal » constate l’avocate maître Jégouzo. Face à ces constats, d’autres initiatives voient le jour afin de promouvoir des lieux inclusifs aux enfants.

Et si on voyait les enfants autrement ? Le label Kids Friendly comme réponse concrète

C’est précisément ici que le label Kids Friendly à l’initiative d’equal Brussels et mis en place par POUR LA SOLIDARITE – PLS notamment trouve toute sa pertinence. Plutôt que de créer des bulles anti-enfants, ce label encourage les lieux accueillants, où les enfants sont perçu·e·s non pas comme un dérangement, mais comme des personnes à part entière.
Le label valorise les lieux ouverts au public en Région Bruxelles-Capitale qui prévoient des espaces adaptés aux enfants tels que des zones d’allaitement, des toilettes adaptées ou des espaces de jeux. Autrement dit : des lieux pensés non pas « malgré » les enfants, mais avec eux.

Dans un contexte de crispation sociale, les lieux labelisés Kids Friendly participent à un véritable projet de société : celui de la convivialité, de la solidarité et de l’ouverture à l’autre.

kids friendly

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Image disponible en libre accès sur pexels

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