Guerre en Palestine : une Union européenne fracturée entre soutien humanitaire et divisions diplomatiques

Alors que la guerre fait rage dans la bande de Gaza, l’Union européenne se retrouve face à ses contradictions. Entre vagues de reconnaissances de l’État palestinien, soutien humanitaire massif et dissensions internes sur la ligne diplomatique à suivre, les positions des Vingt-Sept révèlent une fracture politique profonde.

Vers une reconnaissance croissante de l’État de Palestine

D’importantes différences de point de vue entre les États membres européens peuvent s’observer face à l’État de Palestine. L’Espagne, l’Irlande, la Suède et plusieurs pays d’Europe de l’Est ont reconnu l’État de Palestine, dans la continuité d’une dynamique enclenchée dès 1988. Madrid pousse également pour l’intégration de la Palestine à l’ONU et une solution à deux États. Dans l’espace public, le mot « génocide » est de plus en plus utilisé pour qualifier les actions d’Israël à Gaza, que ce soit dans des tribunes, manifestations ou médias. Des ONG comme Amnesty International et la FIDH dénoncent des violations graves du droit international. Cependant, beaucoup de représentant·e·s dénoncent une position européenne instable, changeante et désunie face à ce conflit.

Une diplomatie européenne sous tension

Face aux violations présumées du droit international par Israël, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a récemment annoncé une révision de l’Accord d’association UE-Israël. Dans le même temps, plusieurs États membres — parmi lesquels l’Espagne, l’Irlande ou encore le Luxembourg — réclament une position plus ferme de l’UE vis-à-vis de Tel-Aviv. Mais les divisions restent profondes. En octobre 2023, le commissaire à l’Élargissement, Olivér Várhelyi, a annoncé unilatéralement la suspension de l’aide européenne aux Palestiniens — une décision rapidement désavouée par plusieurs pays membres. La Commission européenne a été contrainte de clarifier : il ne s’agissait pas d’un gel, mais d’un examen visant à s’assurer que les fonds européens ne soutiennent pas indirectement des organisations terroristes. Sur le terrain, l’UE a néanmoins triplé son aide humanitaire à Gaza, portant l’enveloppe à plus de 100 millions d’euros pour l’année 2023. Un pont aérien humanitaire a été déployé pour tenter de soulager les populations civiles en grande détresse.

Mais les prises de position officielles restent prudentes et parfois perçues comme déséquilibrées. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé un soutien sans faille à Israël, qualifiant le Hamas d’organisation terroriste. Les déclarations européennes se résument à trois piliers : condamnation de l’opération militaire du Hamas du 7 octobre, reconnaissance du droit d’Israël à se défendre, et appel à une aide humanitaire accrue pour Gaza.

Un vote révélateur de profondes divisions et d’une Europe désunie

Face à la guerre à Gaza, l’Union européenne affiche un visage divisé. Lors d’un vote sur un cessez-le-feu humanitaire, les divisions se sont cristallisées : un bloc favorable (France, Espagne, Belgique, Luxembourg), un autre s’abstenant (Allemagne, Italie, Pologne…), et un dernier votant contre (Autriche, Hongrie…). Entre solidarité humanitaire, reconnaissance palestinienne et soutien diplomatique à Israël, l’Union peine à parler d’une seule voix. Pourtant, l’urgence humanitaire, l’impasse diplomatique et l’écho grandissant des opinions publiques exigent une position claire, distincte et cohérente. En tant qu’acteur majeur sur la scène internationale, l’UE ne peut se contenter de demi-mesures. Si elle souhaite peser dans la recherche d’une paix durable et défendre le droit international, elle devra dépasser ses divisions internes et s’engager fermement en faveur d’un règlement juste et équilibré du conflit.

 

Inscription à notre newsletter