Journée internationale des migrant.e.s: le droit d’asile fragilisé en Europe

Le 18 décembre marque la journée internationale des migrant.e.s. Derrière le mot « migrant.e », trop souvent utilisé comme une catégorie homogène et anxiogène, se cache une multitude de réalités, à l’image des travailleur.euse.s, étudiant.es, réfugié.es, exilé.es. Ce terme générique, non défini en droit international, est devenu un outil politique qui invisibilise les parcours et facilite l’acceptation de politiques toujours plus restrictives.

Le contraste est saisissant entre les engagements internationaux pris par l’Union européenne (UE) et les décisions adoptées en décembre 2025, marquées par un net durcissement de la politique migratoire.

Le droit d’asile fragilisé

Le droit d’asile constitue l’un des fondements historiques et juridiques de l’UE. Inscrit dans la Convention de Genève de 1951 et dans les traités européens, il repose sur un principe simple: toute personne a le droit de demander une protection lorsqu’elle fuit des persécutions, des violences ou des conflits.

Toutefois, en décembre 2025, le Parlement européen a adopté des textes fragilisant ce principe. La création d’une liste européenne de pays d’origine dits « sûrs » limite mécaniquement les possibilités d’asile pour leurs ressortissant.es, en instaurant une présomption de sécurité difficile à contester, y compris lorsque des discriminations ou des violences ciblées existent.

Officiellement conçue pour clarifier et harmoniser les règles d’asile, cette mesure repose en réalité sur des présomptions statistiques et géopolitiques qui mettent à mal le principe d’examen individuel des demandes. Elle permet aux Etats membres de renvoyer rapidement des personnes vers des pays dont les conditions de sécurité et de respect des droits humains restent pourtant contestables.

Certes, la Commission européenne se réserve la possibilité de suspendre certains pays de la liste si la situation se dégrade, mais ce garde-fou reste symbolique face à l’accélération des expulsions et à la multiplication des « hubs de retour ».

Cette architecture juridique et politique révèle une logique claire: la protection n’est plus pensée comme un devoir universel mais bien comme un outil de contrôle et de gestion des flux migratoires, à l’instar d’un marché où la vie des exilé.es devient une variable d’ajustement.

Un tournant politique assumé à la droite de l’hémicycle

Pour faire adopter de tels textes, la droite européenne s’est appuyée sur une alliance assumée avec les groupes d’extrême droite.

Ce choix entérine la banalisation de discours qui présentent les personnes exilé.e.s comme une menace et justifient l’affaiblissement des garanties juridiques au nom de l’efficacité. Il intervient dans un contexte de baisse des arrivées irrégulières démontrant que ces décisions répondent avant tout à une pression politique et idéologique.

Le mépris clairement affiché par ces groupes, envers cette partie de la population, participe à la légitimation des mesures restrictives et déshumanisantes mais aussi à réduire la conscience collective de la responsabilité européenne en matière de droits humains.

 

En définitive, les décisions adoptées en décembre 2025 dessinent une Europe où les garanties universelles et humanistes revendiquées par l’UE se dégradent avec le temps. Sous couvert de rationalisation administrative, la législation européenne privilégie la sécurisation des frontrières et la gestion des flux au détriment des principes de solidarité et de justice. Face une fragilisation des droits des personnes vulnérables, il devient urgent de repense la migration non comme une menace à contenir mais comme un phénomène global qui appelle à une réponse transnationale qui soit réellement fidèle aux valeurs européennes.

 

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