La place des familles monoparentales dans nos sociétés

En Europe, les familles monoparentales représentent 12,7 % des foyers avec enfants (Eurostat, 2024). Parmi elles, les mères isolées, souvent confrontées à la précarité et à la culpabilisation sociale, constituent plus de 8 familles monoparentales sur 10. Sélim Derkaoui, journaliste indépendant, a enquêté sur leur statut et les préjugés qui pèsent sur elles en France.

Les mères isolées à l’intersection des problématiques sociétales

Pour Sélim Derkaoui, le sujet des mères isolées recoupe une grande partie des enjeux sociaux contemporains. Cela inclut l’aide sociale à l’enfance, le handicap, les violences sexistes et sexuelles, mais aussi le logement et les mécanismes d’allocations.

Ces femmes font régulièrement l’objet de discours politiques stigmatisants. Chaque année, elles sont accusées de détourner l’allocation de rentrée scolaire pour acheter un écran plat ou un smartphone dernier cri.

 

Une image criminalisante dans les médias et les politiques publiques

Lors des révoltes qui ont suivi le meurtre de Nahel Merzouk, tué par un policier à Nanterre en 2023, elles ont été rendues responsables de la colère de leurs enfants. On leur a reproché de ne pas surveiller leurs fils, de les laisser basculer dans le narcotrafic ou même de les encourager à participer aux émeutes.
D’après le ministère de la Justice, 60 % des 1 180 mineur·e·s jugé·e·s à cette période vivaient dans une famille monoparentale. En réponse, le gouvernement a menacé certaines familles de suspendre leurs allocations familiales.

Sélim Derkaoui met également en lumière l’isolement structurel auquel ces femmes sont confrontées. En effet, dans le système actuel, se remettre en couple peut entraîner une perte de droits sociaux, à cause de l’augmentation du quotient familial.

 

« Année blanche » pour les prestations sociales : quel avenir pour ces mères ?

Lors de l’annonce de son budget pour 2026, François Bayrou, Premier ministre français, a présenté son plan « Stop à la dette » et annoncé vouloir instaurer une « année blanche » pour les prestations sociales, qui resteraient au même niveau qu’en 2025.
Selon lui, la forte baisse de l’inflation rendrait cette mesure moins douloureuse, notamment pour les retraités.

Ces propositions traduisent un manque de reconnaissance considérable envers l’ensemble des personnes précarisées en France.
Les mères isolées ne seront, une fois de plus, pas épargnées par de nouvelles réformes. Alors que l’État devrait renforcer les politiques sociales, agir sur le logement, l’accès à l’emploi ou encore l’éducation, il choisit à nouveau de délaisser une partie de ses citoyen·ne·s.

 

Sélim Derkaoui appelle à déconstruire le stéréotype persistant de la welfare queen, un concept né aux États-Unis dans les années 1970. Celui-ci désignait les femmes noires vivant dans les quartiers populaires, supposément dépendantes des aides sociales et multipliant les enfants pour toucher davantage de prestations.

Cette représentation, toujours bien ancrée dans les imaginaires collectifs, continue malheureusement d’influencer des politiques publiques injustes et stigmatisantes.

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