Le 30 septembre 2025, le Conseil bruxellois de l’égalité entre les femmes et les hommes (CEFH) a organisé une journée dédiée à l’analyse des avancées réalisées en matière d’égalité des genres, afin de dresser un bilan de ses quatre années de mandat et à débattre des principales perspectives dans les mois à venir dans ce domaine en Région bruxelloise.
Dans un contexte politique et budgétaire tendu, où les droits des femmes sont fragilisés par les politiques d’austérité, le CEFH rappelle l’urgence d’agir pour garantir la protection des droits des femmes à Bruxelles comme dans le reste de l’Europe et du monde.
Créé en 2012, le CEFH a pour mission de formuler des avis et recommandations en matière d’égalité de genre en Région bruxelloise. Il promeut une approche intersectionnelle des politiques publiques et appelle à des mesures structurelles pour garantir l’égalité face aux crises et aux discriminations persistantes. Le CEFH remet en ce sens un rapport annuel au gouvernement et organise chaque année un débat public.
Dresser un bilan de ces quatre dernières années
Lors de l’introduction du colloque, la Secrétaire d’État de la région de Bruxelles-Capitale à l’Égalité des chances, Nawal Ben Hamou, a rappelé que la protection des droits des femmes ne relève pas seulement de la justice sociale, mais aussi de la défense de la démocratie elle-même.
Présentant le bilan des quatre années écoulées, la présidente sortante Kelly Timperman a souligné l’apport du CEFH à travers des avis importants sur le gendermainstreaming, la lutte contre les violences sexuelles et sexistes (VSS) au travail, le soutien aux familles monoparentales, ou encore la promotion de la diversité dans la fonction publique. Le Conseil a également pris des initiatives fortes, telles que son positionnement en faveur de la convention 190 de l’OIT sur la violence au travail, ou encore sur l’accueil de la petite enfance à Bruxelles. Si l’influence du CEFH sur les politiques publiques se construit dans la durée, ses actions témoignent de sa vigilance et de sa capacité à mobiliser une expertise légitime issue du tissu associatif et institutionnel.
Quelles recommandations?
L’impact des réformes de l’Arizona sur les femmes a aussi été un sujet de discussions tout le long de la journée. En effet, les décisions que prendront le gouvernement fédéral actuel auront des conséquences fortes dans le secteur de l’emploi, sur les pensions mais aussi sur les congés familiaux. Les réformes prévues ignorent grandement les rapports sociaux mettant en danger les acquis en matière d’égalité et de justice sociale.
Le CEFH a rappelé l’urgence d’intégrer une réelle perspective de genre dans toutes les politiques publiques pour lutter contre les inégalités structurelles entre les femmes et les hommes. Le genre structure toutes les autres inégalités et son absence dans l’analyse des politiques, en particulier lorsqu’il est croisé avec d’autres facteurs comme l’origine ou le statut de résidence, conduit à invisibiliser les femmes les plus précaires, notamment les femmes issues de l’immigration, largement absentes des discours dominants sur le genre.
Par la suite, View.brussels a présenté une étude sur l’emploi en région bruxelloise. Ce document met en avant la persistance d’inégalités sur le marché du travail : une surreprésentation des femmes dans certains métiers avec un recours accru au temps partiel (souvent contraint par des responsabilités familiales) et des écarts salariaux persistants.
Le CEFH a insisté sur l’importance de visibiliser ces réalités par la production et la diffusion de statistiques genrées, outil essentiel de transparence et de pilotage de politiques publiques. Il a aussi insisté sur la nécessité de renforcer l’accès à la formation, notamment dans les secteurs en tensions, d’encourager la mixité professionnelle, de revaloriser les métiers féminisés, et de soutenir l’entreprenariat féminin.
Enfin, le Conseil a appelé à des actions concrètes contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) au travail, en engageant davantage la responsabilité des entreprises, via des campagnes de formations obligatoires. Il alerte également sur le besoin urgent d’un financement équitable du secteur non marchand, souvent féminisé et pourtant sous-financé.
La journée s’est terminée sur une discussion autour du déficit budgétaire bruxellois et un débat avec des députées de divers bords politiques.
Au vue des enjeux actuels, le ton est donné, le CEFH plaide pour que les réponses politiques soient à la hauteur.