Le Parlement Hongrois vote l’interdiction de la Marché des Fiertés : une loi liberticide qui piétine les droits fondamentaux

Le 18 mars dernier, le Parlement hongrois a voté une loi interdisant la tenue de la Marche des Fiertés à Budapest. Avec 136 voix pour et 27 abstentions, la majorité parlementaire fidèle au Premier ministre nationaliste Viktor Orbán a franchi un nouveau cap dans la répression des droits LGBTQIA+. L’entrée en vigueur de cette loi est prévue pour le 15 avril.

Une atteinte aux droits fondamentaux

La loi hongroise s’appuie sur la législation de 2021, interdisant toute « promotion de l’homosexualité ou du changement de sexe auprès des mineurs ». Le directeur d’Amnesty International Hongrie estime que cette justification s’appuie sur des stéréotypes nocifs, nourris par une homophobie et une transphobie profondément enracinées. Il appelle les autorités hongroises à garantir la liberté d’expression et de réunion pour les personnes LGBTQIA+ plutôt que de les restreindre davantage.

Cette interdiction de manifester est une atteinte claire aux droits fondamentaux et une attaque contre les défenseur·seuse·s des droits LGBTQIA+, alors que la Hongrie fait partie des pays qui bafouent ses obligations internationales et régionales en matière de droit de manifester selon un rapport d’Amnesty International de 2024.

Pour les organisateur·trice·s de la marche des fiertés à Budapest, cette décision est « une tentative du pouvoir de [les] déshumaniser » et « une étape supplémentaire dans la fascisation de la société hongroise ».

La Commissaire européenne chargée de l’égalité des chances et de l’aide humanitaire, Hadja Lahbib, a réagi avec fermeté, rappelant que  « la liberté d’expression et de réunion pacifique sont des valeurs européennes fondamentales qui doivent être préservées et garanties pour tous, partout. Nous sommes aux côtés de la communauté LGBTIQ en Hongrie et au-delà. L’égalité n’est pas à débattre. ».

 

Une législation contraire aux règlementations européennes

Au-delà de l’interdiction elle-même, la loi prévoit des dispositifs inquiétants : recours à la reconnaissance faciale pour identifier les participant·e·s, amendes allant de 6 500 à 200 000 forints (soit entre 16 et 500 euros), et possibilité de poursuites pour toute personne impliquée dans l’organisation ou la participation à la marche.

Or, selon le règlement européen sur l’intelligence artificielle, l’usage de la reconnaissance faciale est strictement limité, notamment interdit en dehors des cas de menace terroriste. Cette disposition hongroise constitue donc une grave entorse aux normes européennes en matière de protection des données et de libertés publiques.

Même si la loi entend surtout « dissuader les gens de participer », l’expert Szabolcs Hegyi alerte sur le risque d’une interdiction calquée sur le modèle russe, une mesure inédite au sein de l’Union européenne et en totale contradiction avec la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

 

Une mobilisation plus nécessaire que jamais

Face à cette dérive autoritaire, les réactions se multiplient au niveau national comme international. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a exprimé sa « profonde inquiétude » quant à l’adoption de cette loi.

Alors que la promulgation est prévue le 15 avril, la mobilisation continue. Associations, militant·e·s, institutions européennes et citoyen·ne·s se mobilisent pour empêcher la mise en œuvre de cette loi et soutenir les défenseur·seuse·s des droits en Hongrie.