Ce lundi 23 juin à Strasbourg, le Conseil de l’Europe a remis le Prix Vigdís de l’empouvoirement des femmes à l’association palestinienne Women of the Sun. Une reconnaissance pour ces femmes qui luttent pour l’égalité, la paix et le leadership féminin en Palestine. Mais cette célébration institutionnelle souligne aussi un paradoxe : alors que le Conseil de l’Europe applaudit ces initiatives, l’Union européenne, elle, reste largement impuissante, voire absente, face à l’escalade dramatique à Gaza.
Une récompense prestigieuse, symbole d’espoir
Créé en 2023 en hommage à Vigdís Finnbogadóttir, première femme élue démocratiquement cheffe d’État en Islande, ce prix annuel est décerné par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et le gouvernement islandais. Il distingue des projets favorisant l’empouvoirement des femmes, en Europe et au-delà.
Cette année, c’est l’organisation Women of the Sun, fondée par Reem al-Hajajreh, qui reçoit les honneurs. L’association agit pour briser les stéréotypes de genre, renforcer l’accès à l’éducation, promouvoir le leadership féminin et créer des espaces de dialogue entre femmes palestiniennes et israéliennes.
Lors de la cérémonie, Reem al-Hajajreh a salué le courage des femmes palestiniennes « qui transforment la douleur en force » et qui « ne veulent plus attendre leur tour mais le créer ». Un message porteur d’espoir dans un contexte de violences et de blocages persistants.
L’Union européenne : puissance absente à Gaza
Le Conseil de l’Europe, qui décerne ce prix rassemble 46 pays et se concentre sur les droits humains, la démocratie et l’Etat de droit. L’Union européenne, avec ses 27 Etats membres, possède des leviers diplomatiques et politiques bien plus conséquents mais qu’elle ne mobilise peu dans la question palestinienne.
En effet, comme le souligne Politico, l’UE s’est confinée dans un rôle de « guichet humanitaire » : elle finance l’aide d’urgence, soutient verbalement la solution à deux États, mais évite toute initiative diplomatique forte. Pendant que Bruxelles entretient des accords avec Israël, notamment sur le plan politique et économique, peu d’efforts sont faits pour réaliser des avancées concrètes pour la paix. La politique étrangère de l’UE, paralysée par la nécessité du consensus entre États membres, reste minée par les divisions internes. Certains pays, comme la Hongrie, bloquent systématiquement les prises de position critiques vis-à-vis d’Israël. Pourtant, des alternatives existent : sur d’autres dossiers (par exemple les sanctions contre la Russie), des coalitions de pays volontaires ont montré que contourner le blocage par l’unanimité est possible. Pourquoi pas pour le Proche-Orient ?
Ce prix, en mettant en lumière les parcours inspirants de femmes comme celles de Women of the Sun est une initiative louable.
Mais, si l’Union européenne veut soutenir ces femmes, elle doit dépasser les déclarations de principe et s’engager enfin pour faire respecter le droit international, conditionner ses partenariats économiques, et soutenir toutes les initiatives favorisant la paix et la justice, y compris dans les territoires palestiniens.