Le sexisme en politique : une réalité persistante jusqu’au gouvernement belge

Malgré les avancées sociales et la reconnaissance de nombreux droits, le sexisme demeure un problème structurel dans notre société, notamment dans certaines sphères de pouvoir. La politique est l’un des secteurs les plus touchés. Longtemps réservée aux hommes dans de nombreuses sociétés, elle peine encore aujourd’hui à garantir une inclusion égalitaire et non différenciée des femmes.

Des chiffres alarmants sur les inégalités de genre en politique

L’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) a analysé les dernières élections nationales belges sous l’angle des inégalités de genre, et les résultats sont préoccupants. Si la présence féminine dans les partis est bien réelle – plus de la moitié des adhérents sont des femmes –, elles ne représentent pourtant qu’un cinquième des têtes de liste. Ce décalage illustre le manque de légitimité qui leur est encore trop souvent attribué dans le champ politique.

Avec l’essor des réseaux sociaux et la surmédiatisation des candidat·e·s, les attaques sexistes se sont multipliées. L’étude révèle que 83,8 % des attaques ciblant des figures politiques concernent des femmes, contre 46,4 % pour les hommes. De plus, 31 % des femmes en politique subissent des commentaires sexistes portant sur leur apparence physique, un phénomène nettement moins répandu chez leurs homologues masculins. Ces chiffres soulignent l’urgence de combattre non seulement le sexisme hostile, mais aussi le sexisme ordinaire, insidieux et profondément ancré dans les mentalités.

Du sexisme hostile au sexisme ordinaire

Si les formes les plus explicites de sexisme reculent, le sexisme ordinaire, lui, persiste sous des formes plus insidieuses. Décrit par l’INRS (Institut National de la Recherche Scientifique) comme un ensemble de remarques et d’attitudes apparemment anodines, il contribue néanmoins à marginaliser les femmes et les minorités de genre au quotidien.

Il se manifeste, par exemple, lorsque les hommes interrompent plus fréquemment la parole des femmes en réunion, ou lorsque ces dernières doivent sans cesse prouver leur compétence sur des sujets considérés comme « masculins », tels que la défense, l’économie ou le budget. De plus, alors qu’il est rare que l’on interroge un homme politique sur sa conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, les femmes en politique sont systématiquement jugées sous cet angle, souvent qualifiées de « mauvaises mères ».

Cette accumulation de micro-agressions engendre une charge mentale disproportionnée pour les femmes en politique. Elles doivent constamment réfléchir à leur posture, leurs tenues et sur-préparer leurs interventions pour être prises au sérieux, là où leurs homologues masculins bénéficient d’une présomption de compétence.

Une parité encore loin d’être atteinte

La composition du nouveau gouvernement belge illustre tristement cet écart persistant. Sur quinze membres, seules quatre sont des femmes, et aucune n’est présente au sein du Kern (le Conseil des ministres restreints), organe clé de la prise de décision. Cette sous-représentation interroge sur la réelle volonté politique d’atteindre l’égalité des genres. L’instauration d’un quota de représentation féminine au sein du gouvernement pourrait être une solution pour éviter de telles disparités.

Sans une véritable volonté de changement, la faible présence des femmes dans les instances de pouvoir risque d’avoir des répercussions sur les politiques publiques en matière d’égalité et de parité dans les années à venir. La lutte contre le sexisme en politique ne doit pas se limiter à des discours : elle doit se traduire en actions concrètes pour garantir une représentation équitable des femmes et des hommes dans toutes les sphères du pouvoir.

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