Le 11 mars dernier, le Sénat belge a accueilli un colloque dédié à la monoparentalité, une réalité qui concerne une famille sur trois à Bruxelles. Sensible à cette problématique, la sénatrice Marie-Claire Mvumbi a initié une dynamique visant à améliorer le quotidien de ces familles. De 9h à 14h, plusieurs intervenant·e·s se sont succédé·e·s pour aborder l’un des défis majeurs auxquels font face les parents solos : l’accès à l’emploi comme levier de sortie de la pauvreté.
Monoparentalité : enjeu majeur de la Belgique
Quelques semaines plus tôt, le 21 février, le Sénat publiait un rapport sur l’exclusion des parents isolés. Bien qu’il ne cible pas exclusivement les familles monoparentales, ce rapport marque un premier pas vers une reconnaissance politique de leurs difficultés. À l’échelle européenne, certains pays, comme la France, ont déjà engagé des réflexions sur un statut officiel de « parent isolé », ouvrant la voie à des tarifs préférentiels et à des dispositifs d’aides spécifiques. Lors du colloque, plusieurs mères célibataires ont partagé leur quotidien, rythmé par l’épuisement mental et la précarité. Aujourd’hui, notre société n’est pas adaptée aux défis qu’elles rencontrent. En Wallonie, 46 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, enfermées dans un cycle d’isolement et de honte. Les violences économiques sont particulièrement prégnantes : les aides sociales sont trop rares et souvent non automatiques, tandis que 47 % des pensions alimentaires ne sont pas versées.
Freins à l’amélioration du niveau de vie : mobilité, travail,…
Les obstacles sont nombreux. Près de 40 % des parents solos n’ont pas de permis de conduire et doivent composer avec une mobilité limitée, frein à l’accès à l’emploi et à l’organisation de la garde des enfants. Trouver une place en crèche abordable et accessible relève du parcours du combattant, rendant la reprise du travail encore plus complexe. Résultat : 80 % des mères célibataires occupent un emploi à temps partiel ou sont inactives. Dans ce contexte, elles appellent à une prise de responsabilité des services publics, notamment face aux réformes des allocations de chômage qui risquent d’aggraver leur situation. Les représentant·e·s d’ASBL et de CPAS présent·e·s lors du colloque ont également rappelé que le travail, à lui seul, ne garantit pas une sortie immédiate de la pauvreté. Il faut en moyenne entre 5 à 10 ans pour retrouver une stabilité financière, renouer avec une bonne santé et recréer du lien social. Paradoxalement, pour de nombreuses familles monoparentales, bénéficier du revenu d’intégration du CPAS est parfois plus avantageux que de travailler, compte tenu des coûts liés au transport, à la garde d’enfants et de la charge mentale qu’implique la conciliation entre vie professionnelle et parentale.
Dans les mois à venir, le Sénat se penchera sur un rapport d’information visant à approfondir la question de la monoparentalité et à proposer des solutions concrètes. Afin d’alimenter cette réflexion, tous les témoignages, bonnes pratiques et démarches sont les bienvenus. Vous pouvez les transmettre à l’adresse suivante : mvumbi.mc@gmail.com. L’objectif : refléter au plus juste la réalité des parents solos en Belgique et porter leurs voix dans le débat politique.