Octobre rose: entre avancées et inégalités face au cancer du sein

Comme chaque année, la campagne annuelle de sensibilisation et au dépistage du cancer du sein a débuté en ce début de mois d’Octobre 2025. C’est dans ce cadre que de nombreux événements sont organisés à différentes échelles pour informer, encourager le dépistage et collecter des fonds pour la recherche.  

Octobre Rose permet aussi de sensibiliser sur les obstacles encore présents et permet de proposer une réflexion visant à réduire les inégalités afin de mieux accompagner toutes les personnes touchées par cette maladie.

Quel état des lieux en Belgique?

En 2025, l’OCDE et le registre européen des inégalités face au cancer (ECIR) publient une étude recensant les chiffres de ces dernières années liés aux différents cancers en Belgique.

Ainsi, en 2022, le cancer du sein représentait 34% des diagnostics de cancer chez les femmes, avec un taux d’incidence estimé à 185 pour 100 000 habitantes. Malgré une incidence en hausse, la mortalité a diminué. En effet, chez les femmes de moins 75 ans, le taux de mortalité est passé de 27 à 18 décès pour 100 000 entre 2011 et 2021, soit une baisse de 35%.  

Lancé au début des années 2000, le dépistage a atteint un taux de participation globale de 57% en 2022, avec cependant de fortes disparités : 64% en Flandre, 46% en Wallonie et 43% à Bruxelles.  

Enfin, la qualité des soins s’est améliorée. Selon l’étude, 75% des cancers sont détectés à un stade précoce et les tests de profilage génétique (pour évaluer si la chimiothérapie est réellement nécessaire) sont remboursés depuis 2023.  

Des inégalités persistantes

Cependant, des inégalités et disparités dans la prise en charge des patientes est à souligner.  

En Belgique, les inégalités se manifestent sous trois prismes:  

  • L’accès au dépistage selon la région 
  • Le niveau socio-économique 
  • La qualité des soins selon le centre de traitement 

 Pour le premier facteur, en 2021, selon l’étude de l’OCDE et de l’ECIR, 4% des femmes en région wallonne et 9% des femmes en région bruxelloise ont participé à un programme de dépistage organisé conte 49% en région flamande. Ces chiffres peuvent être expliqué par le fait que les dépistages, dans ces régions, sont réalisés en dehors d’un programme organisé, ce qui complique le suivi et l’évaluation de la couverture réelle. Cette organisation dispersée rend l’accès au dépistage plus difficile pour les femmes les plus précaires ou éloignées du système de soins.  

Ensuite, le niveau d’éducation influence aussi la participation au dépistage. En effet, 67% des femmes ayant un niveau d’étude élevé ont réalisé une mammographie contre 61% parmi les femmes ayant un niveau d’étude moins élevé. L’étude note que le surpoids et l’obésité touchent davantage les personnes avec un niveau d’étude plus bas, ces éléments favorisent les risques de cancer. Sur le plan financier, bien que certaines dépenses soient désormais prises en charge, d’autres ne le sont pas. En Wallonie, l’organisme Solidaris dénonce le fait que les patientes doivent verser “près de 2000 euros la première année de maladie”. Ce montant pouvant s’élevé à “6750 euros pour 5% d’entre elles”.  

Enfin, concernant la qualité des soins, l’étude de l’OCDE et de l’ECIR énonce le fait que la mortalité est plus élevée dans les centres non agréés. Initié en 2024, le remboursement des soins pour le cancer du sein est réalisé uniquement lorsque ces derniers sont administrés dans une clinique agréée. L’étude précise que “La mise en œuvre intégrale de cette mesure est prévue pour 2026”. Pour terminer, il semble aussi nécessaire de continuer à encourager les personnes LGBT+ à participer à des séances de dépistage, leur participation étant encore limitée.  

 Vers une réduction des inégalités

Afin de réduire les inégalités, plusieurs pistes sont à envisager. Afin que le dépistage soit accessible à toutes, il faut renforcer à une offre mobile pour que les personnes dans les zones rurales, en zones urbaines sous-dotées ou les personnes à mobilité réduite puissent y avoir accès. Il s’agit de rendre possible la traduction et la vulgarisation d’informations pour les femmes migrantes et/ou qui ne sont pas francophones. L’idée est également de mieux informer les patientes sur leurs droits, les aides possibles et les parcours de soins.  

Le remboursement des soins doit aussi être élargi, prenant en compte par exemple les soins dit de support comme les consultations psychologiques ou ceux engendrés pour une reconstruction mammaire. Ces soins participent activement à la reconstruction physique, mentale et sociale des patientes après un cancer.  

 

La mobilisation continue, notamment via les nombreux événements d’Octobre Rose, est nécessaire pour garantir un accès équitable aux soins, indépendamment du revenu, du niveau d’étude ou du lieu de résidence. 

 

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