Représentations médiatiques des migrations : quels mots influencent notre perception ?

« Migrant·e·s », « réfugié·e·s », « illégaux », « candidat·e·s à l’asile » … Les terminologies utilisées par les médias pour désigner les personnes en migration sont multiples et politisées. Au cours de sa thèse intitulée « Did you say « migrant »? », Valériane Mistiaen, chercheuse en sciences sociales à l’Université libre de Bruxelles, a analysé la couverture médiatique de ces dénominations afin de mettre en lumière les rapports de pouvoir qui les sous-tendent.  

L’influence des discours politiques sur le langage médiatique 

La thématique des migrations est un sujet qui anime particulièrement les discours des responsables politiques, qu’iels soient très engagé·e·s dans leur protection ou au contraire dans leur expulsion. Les décideur·euse·s ressentent le besoin de nommer de nouvelles situations liées à la migration en fonction des spécificités, mettant l’accent sur des aspects très variés : origine, nationalité, genre, statut relationnel, destination ou mouvement… Les personnes sont classées selon leur « mérite » d’être accueillies comme « réfugié·e·s politiques » ou expulsées comme « réfugié·e·s économiques ». 

On remarque également la forte occurrence du terme « illégal », une désignation stigmatisante qui s’est imposée à cause des décisions politiques liées à l’immigration.  

Les journalistes ne créent pas de nouveaux termes, iels se contentent de réemployer des expressions issues des débats politiques ou du langage juridique. Cela entraîne une dynamique de reproduction et d’imposition des représentations dominantes véhiculées par les discours des politiques.  

Déjouer les récits dominants : vers un journalisme plus éthique et conscient 

Face à ces dynamiques, certains journalistes cherchent à adopter un langage éthique. Ainsi, iels sont amenés à utiliser des termes plus précis : mineur·e non accompagné·e, candidat·e à l’asile, personne en situation irrégulière, réfugié·e de guerre… Une fois le statut défini, des termes relationnels peuvent être utilisés afin de désigner autrement la personne.  

Une approche journalistique plus responsable commence par donner la parole en priorité aux personnes concernées, afin qu’elles puissent elles-mêmes expliquer leur histoire, leur point de vue et leur ressenti. Dans les discours rapportés, il convient également de contextualiser leurs mots et d’en expliquer la portée. 

Ainsi, il apparaît essentiel de sensibiliser les journalistes aux effets de leurs choix lexicaux, afin qu’iels puissent ajuster leur manière d’informer. 

 

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