À Bruxelles, ville universitaire majeure, des milliers d’étudiant·es vivent dans des conditions indignes. Humidité, moisissures, isolation défaillante : la précarité du logement étudiant n’est pas un accident, mais bien une conséquence directe d’un désinvestissement structurel. Face à l’urgence, des réponses concrètes sont attendues.
Une capitale européenne, mais une crise du logement étudiant
Bruxelles accueille chaque année plus de 140 000 étudiant·es inscrit·es dans l’enseignement supérieur. Pourtant, trouver un logement relève du parcours d’obstacles. La dernière enquête de perspective.brussels est sans appel : près de 60 % des étudiant·es interrogé·es disent avoir rencontré des difficultés pour trouver un kot, un chiffre en nette augmentation par rapport à 2019-2020.
Cette tension s’explique en grande partie par une pénurie criante de logements étudiants, renforcée par l’explosion des loyers, les arnaques fréquentes, et l’absence d’un encadrement suffisamment contraignant. Les étudiant·es aux revenus les plus modestes se retrouvent ainsi contraint·es d’accepter des logements de mauvaise qualité, et parfois même dangereux pour leur santé.
Quand se loger devient un danger
Les témoignages s’accumulent : murs suintants, absence d’isolation, pas d’eau chaude, moisissures omniprésentes… Les kots insalubres ne sont plus l’exception, mais une réalité vécue par de trop nombreux·ses étudiant·es.
Les conséquences sont multiples et alarmantes : impact direct sur la santé physique et mentale, sur la qualité de vie, et sur la réussite académique. Certain·es doivent choisir entre se nourrir correctement ou payer un loyer abusif. D’autres finissent par quitter leur cursus, faute de conditions de vie viables.
Le cas d’un étudiant de Louvain, contraint de quitter son logement après avoir développé de l’asthme à cause de l’humidité, en dit long : les professionnel·les de santé consulté·es ont tous recommandé un déménagement immédiat pour préserver sa santé.
L’urgence d’une action politique à la hauteur
La crise actuelle est aussi une crise de responsabilité politique. Alors que le nombre d’étudiant·es ne cesse d’augmenter, l’investissement public dans les infrastructures de logement n’est pas au rendez-vous. Depuis juin 2021, la Ville de Bruxelles a émis des recommandations urbanistiques : insonorisation renforcée, superficies minimales, meilleure qualité des communs… Mais ce ne sont que des recommandations, sans valeur contraignante.
Il est temps de passer à l’action concrète, avec une politique ambitieuse du logement étudiant : construction massive de logements publics de qualité, encadrement strict des loyers, contrôles renforcés des logements existants, et sanctions claires contre les bailleur·euses indélicat·es.
La précarité n’est pas un rite initiatique à la vie étudiante. Ce n’est pas aux étudiant·es de s’adapter à la crise du logement, mais bien aux pouvoirs publics d’y répondre. Garantir un logement sain, digne et abordable n’est pas un luxe : c’est une condition fondamentale pour étudier, se projeter, et simplement vivre.